Il vaut parfois mieux tenir sa langue [ Earl>Amiler>Alan>Eric]

« Vas chercher le chapeau que j'ai commandé » qu'il m'a ordonné. Franchement, ai-je une tête à aller chercher les courses de monsieur ? C'est aux sous-fifres d'y aller, non au majordome. Il n'a aucun sens de la hiérarchie. De plus, si ça continue, le thé sera servit en retard, et si le thé est en retard, l'intervalle de temps accordée à la coiffure s'en trouvera réduite, et c'est inacceptable. Pensez-y sérieusement, pourquoi devrais-je assumer les conséquences des actes d'un humain si stupide que je me demande parfois si les racine de ses cheveux ne pourraient pas en pourrir. En ce moment, il semble bien sûr de lui, peut-être devrais-je le remettre à sa place ? Lui faire comprendre qu'il n'est guère plus fort qu'un poux ? Oui. C'est une bonne idée. Cependant, il faudra que je trouve le moment précis où j'agirai, ou tout pourrait devenir inutilement compliqué.

Mais pour le moment, je dois simplement me dépêcher. L'heure tourne et je pourrai bien finir en retard. Je jette un coup d'œil à ma montre à gousset et grimace malgré moi. Je suis réellement en retard. Je devrais me faire un planning personnel où je marquerai les minutes consacrées à râler contre tout ce qui m'exaspère. J'accélère légèrement le pas, pressé de pouvoir rentré. L'ennuie, c'est que le vendeur de chapeau ne se trouve pas sur la grande avenue. Non, bien sûr, il se trouve dans les ruelles de Londres. Je déteste ces espaces étroits, tout d'abord parce qu'ils sont étroits, mais surtout parce qu'ils sont sales. Le sol, les murs, l'air lui même semble souillé. Certes, les enfers ne sont pas un idéal de propreté, mais c'est pour cette raison que je les évite autant que possible. Oui, l'humain qui m'a envoyé ici subira mes foudres dès lors que je serais rentré.

Alors que j'arrive à destination, je remarque une odeur familière particulièrement prononcée. Celle de la mort. Des Shinigamis sont donc dans les parages ? Intéressant. Très intéressant. Mais je ne peux pas me permettre de faire un détours, ça me mettrait bien trop en retard. Je me détourne alors et pénètre dans le magasin, but de ma venue en ces lieux. Lorsque j'en ressors, c'est pour entendre une voix qui m'est malheureusement familière. « Krkrk » qu'elle dit. Oh non, pas lui, pas maintenant … Une bonne chose à faire est de l'éviter, ce que je m'apprête à faire, cependant le sort semble s'acharner contre moi. Lorsque je passe – aussi silencieusement que possible – devant la ruelle d'où proviennent les bruits, l'autre imbécile rampe dans ma direction et se cogne à moi. Qu'est-ce qu'il lui arrive à présent, il se prend pour un chien ?

Amiler. Oui, c'est bien le nom que l'on m'a attribué suite à mon nouveau contrat. Devrais-je le remercier pour me l'avoir inutilement rappelé, ou simplement lui donner un grand coup de pied afin qu'il arrête de s'agripper ainsi à mes jambes ? Alors que j'opte pour la deuxième solution, il se relève de lui même. Dommage. Mais voilà qu'après m'attraper les jambes, il s'attaque à mon bras ? Croit-il que l'on est amis ou je ne sais quoi encore pour se comporter ainsi avec moi ? D'un geste vif, je me dégage et m'éloigne de plusieurs pas. Au début, je ne comprends pas réellement sa phrase, mais en me tournant vers la direction dont il vient, je pense comprendre. Deux Shinigamis. L'un semble assez fort, l'autre ridiculement faible. Je me retiens de rire face à ce contraste, mais un sourire m'échappe tout de même. On dirait un duo de clowns ! Hum, je ne devrais peut-être pas le dire à voix haute. Quoique ce pourrait être amusant … Seul problème, si je me laisse prendre au jeu – oui, car je considère cela comme un jeu, évidemment, qui viendra me sortir de ma routine ennuyante à en mourir – je serais en retard pour de bon. En y réfléchissant, ce n'est pas si grave, puisque ma séance coiffure, je l'aurai tout de même avec Earl. Oh en parlant de cheveux, j'attrape les extrémités de ceux du Démon et les inspecte.

« Ca ne me gêne pas que tu te prennes pour un balais, mais la prochaine fois, attache toi les cheveux. Ils ont traîné par terre. » Ignorer les Shinigamis n'est qu'à moitié volontaire. D'ailleurs, le blond a une bien belle coiffure. J'aimerai beaucoup la toucher, mais je doute qu'il accepte, même si je demande gentiment. « Pour te faire pardonner, tu resteras bien ici quelques temps n'est-ce pas ? Tu me dois bien ça. Après tout, moi je n'ai pas fuis quand, lors de notre première rencontre. »

Oui, je me plais à lui rappeler le jour de notre rencontre dès que possible. Je pense que si je ne le faisais pas, il deviendrait tellement insupportable que je serais prêt à abandonner sa chevelure – oui, c'est affreux, je sais – en espérant avoir la paix. Je me tourne par la suite vers les deux faucheurs et prends quelques petites secondes pour réfléchir à la situation.

« Ne me dis pas que tu comptais réellement les fuir, eux ? Le poids mort ralentira l'autre, donc aucun problème. D'autant plus que l'on est deux. » Dans mes mains se trouve toujours le chapeau de mon Maître. « Heureusement, ce sera sans doute rapide. Je suis assez pressé. »

Alléluia. Pour une fois, il avait été mis en binôme avec Eric, cela devait tenir du miracle. En même temps, depuis qu’il n’était plus assigné comme étant son élève, il n’y avait aucune raison du point de vue des supérieurs de le mettre toujours avec lui. Ils avaient cru sans doute bon de le changer de binôme aussi souvent que de chaussettes. Enfin, le brun n’allait pas non plus en faire tout un foin, il était avec son ancien mentor et c’était tout ce qu’il demandait. D’ailleurs, il soupçonnait le dit mentor d’avoir touché quelques mots à sa manière aux supérieurs pour être en binôme avec lui, mais ce n’était qu’une supposition, ce n’était peut-être que le fruit du hasard.

Soit. En cette soirée, il était avec lui, et c’était tout ce qui comptait. Les heures supplémentaires pouvaient s’accumuler, il s’en ficherait complètement. Et tout semblait se passer pour le mieux. Jusqu’à ce qu’un drôle de sentiments ne vienne le sortir de ses pensées. Alors qu’il se trouvaient dans une ruelle inhabitée de Londres, Alan tourna la tête, intrigué, mais ne vit absolument rien. Bizarre. Il aurait juré que quelque chose de non-humain était dans les parages. Soit. Il était peut-être passé à côté d’eux. Reportant sn attention sur le blond qui était un peu plus loin, il le rejoignit hésitant à lui faire part de son impression. Bon. En soit il n’y avait pas trop de quoi s’affoler, il n’avait rien vu, et en plus Eric était à ses côtés.

Le brun décida donc de ne rien dire, mais tourna néanmoins une nouvelle fois la tête quelques instants plus tard. Cette odeur le dérangeait réellement. Et alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la bouche pour en parler à son binôme, un type sorti de nulle part – ou plutôt de derrière le mur- arriva, avec une tête qui n’avait strictement rien d’attirant. …’Mon mignon’ c’était à qui qu’il s’adressait exactement ? Il n’y avait pas trente-six mille réponse, c’était obligatoirement l’un des deux Shinigamis. …Et plus particulièrement lui en fait. Cela l’étonnerait fort qu’il traite Eric de ‘pauvre petite chose’. Alan fronça légèrement les sourcils lorsque le nouveau venu s’arrêta dans sa phrase. Bon déjà il ne l’aimait pas. Premièrement il avait maintenant reconnu l’odeur il s’agissait d’un Démon, deuxièmement la tête qu’il arborait ne lui disait absolument rien de bon et troisièmement, il avait fait en quelques sortes une remarque désobligeante sur sa taille. Et bien qu’Alan ne soit pas de tempérament belliqueux, il détestait que l’on fasse une remarque soit sur sa taille soit sur sa santé.

…Wow. Il leur faisait quoi là avec ses mains le type aux cheveux à moitié aubergine ? Finalement, dans la tête du petit brun il passait de ‘potentiellement dangereux’ à ‘ridicule’. Le Faucheur haussa un sourcil. Une illusion ? Pourtant il avait assez dormi cette nuit. Et il n’était pas encore fatigué au point de s’imaginer des choses. Bon. Autant s’assurer que ce n’était pas une illusion, tournant la tête vers Eric, il recula de quelques pas afin d’être à sa hauteur

’-Tu…Vois aussi quelque chose ou c’est moi qui devient complètement cin…’

Il s’arrêta dans sa phrase, l’autre s’étalant à terre. Hmph. Généralement une illusion ne se tôlait pas. Et ne se présentait pas non plus en tant que telle. Franchement, Alan n’avait encore jamais croisé quelqu’un – ou quelque chose ?- dans le genre. Voilà maintenant qu’il se met à ramper vers la sortie de la ruelle. Se frottant néanmoins les yeux, le brun se rendit compte qu’il n’avait pas fini sa phrase.

’-…Cinglé ?’

Même s’il pensait fortement que la seule personne non saine d’esprit se trouvait juste devant lui. Oh. Une autre personne vient d’arriver. Un autre Démon ? …L’autre vient de lui foncer dedans, trop occupé à essayer de les regarder. Vu son attitude, il semble le connaître. Et vu ses paroles aussi. Mais vu la tête du deuxième Démon, il ne semble pas très heureux. En voyant le premier accroché aux jambes du dénommé Amiler, il avait un peu l’impression de revoir une réplique de Spears et de Sutcliff. Avec un Sutcliff…Un peu plus dérangé et nettement plus couard. Quoiqu’il en soit, ils s’étaient mis à parler…de cheveux ? Et puis ils abordent la question de rester ou non. …S’il faut voter, il est certain qu’Alan leur dira de partir. Mais alors que le plus petit des deux en taille reprend la parole, il le traite délibérément de boulet. Bien qu’il n’apprécie pas, il le prend déjà mieux que s’il s’en était pris à Eric. Fronçant les sourcils, le brun regarda d’un air qu’il voulait peu engageant le type aux cheveux bleus.

’-On pourrait se demander qui est le poids mort ici.’

Lança-t-il, légèrement vexé en visant non pas son interlocuteur, mais l’hurluberlu qui avait essayé de les fuir sans avoir rien essayé.

Oh, je crois, le poids mort a une bonne répartie. Si je ne n'en souris pas, c'est simplement parce qu'elle provient d'un Shinigami – non, ce n'est pas parce que l'on s'en prend à Earl, après tout j'aurai très bien pu lui dire la même chose. En plus vicieux. J'ai un honneur de Démon à défendre. En double. Oui parce que l'autre idiot semble tout faire pour nous tourner au ridicule face aux Shinigamis. S'ils devaient croire que l'on est tous comme cet imbécile mangeur de papillons, je crois bien que je n'oserai plus sortir … ou bien je m'en prendrai à tous ceux qui me regardent de travers, mais je ne suis pas vraiment du genre à engager un combat à n'importe quel moment de la journée ou sans raison. En cet instant précis, ma raison est que j'ai besoin de décompresser un peu. Vous ne vous rendez sans doute pas compte, mais travailler pour un humain capricieux est très éprouvant pour les nerfs.

Enfin passons. Je n'ai pas pu ouvrir la bouche qu'Earl répond aux deux autres. Je le trouve bien bavard pour quelqu'un qui veut se défiler. Il mijote quelque chose ? … Non. Impossible. Il n'a de capacité de réflexion apte à envisager une stratégie quelconque. Et pourtant je dois reconnaître que j'ai tord, car il a bien une stratégie. Enfin … c'est un grand mot. Il croit réellement pouvoir s'esquiver de la conversation ainsi, sans rien de plus ? Ah ah ah ! Il me connait mal. Pauvre petite chose innocente. Je l'attrape par le col et tire un coup sec pour le ramener à moi. J'ignore royalement ses vaines tentatives pour se libérer et me contente de le retenir de la même manière que l'on tient le collier d'un chien. Sauf qu'un chien, on entrave ses mouvements afin de l'empêcher de mordre, et ce n'est pas ce corniaud qui risque de mordre quoique ce soit … excepté les papillons bien sûr. Je me retiens de lui ordonner « Aux pieds sale bête ! » mais il n'est pas nécessaire de rabaisser ce Démon devant des Faucheurs. En revanche, une fois cette histoire passée, ce sera tout autre chose … Je me tourne vers les Shinigamis et reprends la discussion là où elle s'est arrêtée, comme si l'écart d'Earl n'a jamais eu lieu.

« Gamins tu as dit ? Il se pourrait que je sois plus vieux que vous deux. En fait, je suis même certain d'être largement votre aîné, autrement vous sauriez que je n'ai besoin de la permission de personne pour dire ce qui est vrai, et certainement pas de celle d'un Shinigami. »

J'ai remarqué quelque chose d'intéressant, un peu avant qu'Earl n'est eu le bonté de me rappeler que les Shinigamis sont armés – merci, idiot, mais je suis au courant - lorsque j'ai parlé du poids mort, le blond a semblé être assez énervé, c'est d'ailleurs suite à cela qu'il a prit la parole. Même si je reconnais n'être pas réellement doué avec les sentiments, j'ai un peu d'expérience à tant de passer de temps dans le monde des humains, je peux donc en déduire que le plus grand tient au petit. Après, allez savoir si c'est réciproque … S'ils étaient humain, je n'aurai su le dire avec exactitude car ces êtres sont du genre à se trahir dès qu'une opportunité se présente à eux, alors pour les Faucheurs que je connais bien moins … Sont-ils tous amis là-bas ? J'avoue ne jamais m'être penché sur le sujet. Peut-être que je devrais le demander, un jour, ce pourrait être utile lors de mes prochaines confrontations.

Mais restons concentré. Que sais-je donc ? Que le blond a un lien avec le brun. Ce qu'il y a de bien avec ce genre de sentiments, c'est que les êtres qui les portent sont facilement manipulables, d'autant plus que la personne ici concernée semble avoir le sang chaud. Intéressant. Très intéressant. Je pense que je vais pouvoir m'amuser un peu, et si jamais ça dégénère et bien … je pourrai toujours me servir d'Earl comme bouclier, il est là pour ça après tout, non ?

« A moins que tu le saches toi-même. Faible comme il est, tu dois sans cesse le défendre je suppose. Ce doit être vraiment fatiguant … Je te plains d'avoir à rester avec lui. La vie de Shinigami ne doit pas être facile lorsque l'on vous place avec un confrère aussi utile que le sont des lunettes à un aveugle. » Je prévois que la réaction sera très distrayante. « Si tu veux … » je reprends avec un grand sourire aux lèvres. « Je peux te débarrasser de ce poids, ici et maintenant. Tout le monde sera gagnant. Toi tu n'auras plus à le supporter, et moi ça me procura une âme. C'est un marché équitable n'est-ce pas ? »

Malgré le fait qu’il soit face à deux Démons, le fait qu’Eric soit à côté l’aidait à ne pas laisser la peur l’envahir. …et le fait qu’un des Démon gobe un papillon aussi. Quoique. En y réfléchissant un peu plus, s’il avait assez faim pour essayer de manger un insecte, c’est qu’il ferait énormément de choses pour une âme non ? …Non cette fois-ci il se jurait de ne pas avoir peur. Soit. L’aubergine reprit la parole. …Insultant à la limite sa Faux personnalisée qu’il avait eu à la fin de son examen. Le brun resserra légèrement la prise qu’il avait sur elle, comme pour être certain que personne ne lui ferait de mal ou essayerait de la lui dérober.

’- C’est un couperet.

Tant pis s’il se faisait passer pour un dictionnaire ambulant, il ne les laisserait pas plus longtemps traiter sa faux de manche à balai. Rien à faire, il n’arrivait pas à sacquer le premier des Démons qui était arrivé. L’autre non plus en fait. Suite aux paroles de l’autre blond, il entrouvrit légèrement la bouche. Il avait parfaitement raison. Qu’est-ce qu’il pouvait bien répondre à ça ? Le nier alors qu’il le pensait réellement ? Non. Il ne le croyait pas. Il avait peut-être une santé défaillante, mais il n’était pas faible pour autant. Il se contente de lui lancer un regard noir alors qu’Eric parle à son tour, prenant sa défense. Il lui est reconnaissant, mais le remerciera plus tard. Non il ne l’oublierait pas. Mais il remarqua que son homologue commençait à s’énerver.

Alors qu’il allait lui dire quelque chose, le mangeur de papillons essaya de fuir. Mais le dénommé Amiler ne le laissa pas faire, le prenant par le col sans ménagement. Il avait presque mal pour lui. Hmph. Au final il ne les aimait réellement aucun des deux. En même temps cela aurait été assez difficile. C’est alors que l’un des Démons reprit la parole. Paroles venimeuses qui s’insinuaient doucement en lui. Bouleversé, le petit brun tourna la tête vers son ancien mentor. La personne qui lui était la plus chère. Il s’était bien évidement déjà posé la question de si il était un boulet ou non pour lui, et Eric l’avait toujours assuré du contraire. Mais avait il répondu franchement ou ce n’était que pour lui faire plaisir ?

Sa lèvre inférieure se mit à trembler, alors qu’il serrait encore un peu plus sa Death Scythe. Ses paroles lourdes de sens avaient réussi à lui faire perdre les pieds. Mais…Il ne fallait pas oublier que c’était un Démon qui les avait prononcées. Une vile créature dont le but était de s’amuser de la tristesse des autres dans un sens non ? Qui devait-il croire ? Les paroles de ce type louche ou celles du Shinigami qu’il côtoyait depuis des années ? Qu’il soit déstabilisé était peut-être le but du Démon. Ou alors d’énerver Eric. Fermant les yeux, il réfléchit quelques secondes, histoire de se redonner confiance en lui-même en même temps. Il fallait leur montrer qu’ils avaient tords sur son compte sans pour autant entrer dans leur jeu.

’-C’est gentil mais le poids n’aura pas besoin de vos services. D’ailleurs, vous êtes le seul à me considérer comme tel.’

Lança-t-il en forçant sa lèvre à ne plus trembler. Il n’y avait pas de raison. Il avait confiance en Eric, une confiance aveugle qu’il n’était pas prêt de retirer. Il ne voulait pas croire aux paroles du Démon. Celles qu’avaient prononcées Eric lorsqu’il lui avait demandé, ou s’excusait d’être un poids étaient beaucoup plus importantes. Il voulait croire en elles. Et il le ferait. Lançant un regard noir au dénommé Amiler, il tira légèrement sur la manche de son ‘plus’ qu’ami.

’-Je ne sais pas pour toi mais je n’ai pas spécialement envie de réentendre le sempiternel refrain sur ma capacité à faucher les âmes’

Soupira-t-il. Il fallait bien qu’il passe au-dessus des piques que lui lançait le Démon. Après tout, ce n’était pas la première et certainement pas la dernière fois que cela arrivait. Autant essayer de s’y faire et de ne pas y prêter attention. Sauf bien évidemment si c’était Eric qui les prononçait. Là ce serait autre chose. Mais ce n’était pas le cas pour le moment alors, inutile de s’en faire.

Tch. Qu'est-ce qu'il lui arrive au nain pour répliquer ainsi ? J'ai prévu qu'il se taise et suive la discussion, tremblant, derrière le blond, mais non, il faut qu'il en rajoute. Ferme la ! Si tu n'avais rien dis, l'autre aurait pu se sentir déconcerté et me laisser ainsi une chance de l'attaquer. Je ne pense néanmoins pas qu'il ait agit en pensant à ce qu'il se serait passé s'il s'était tu, ce n'est qu'un simple coup de chance. Mais fait-il parti de ces personnes qui étalent leurs sentiments ? La bonne chose est que j'ai pu comprendre que leurs sentiments sont réciproques, mais s'ils ne peuvent s'empêcher de se clamer haut et fort que l'un est le Roméo de l'autre, ça risque de devenir plus compliqué.

Ca m'a énervé. Vraiment énervé. Cette fois je ne souris plus. Le regard que je lance au misérable doit être assez explicite pour lui faire comprendre que je n'aime décidément pas la façon dont il a agit. Mais je me détourne rapidement de lui. Celui que je veux abattre en premier est le blond, bien que je doive passer par l'autre pour l'atteindre.

« Cesser votre travail ? Oh, bien sûr que non, ça m'ôterait le goût de la chasse. »

Traquer une proie, se faire traquer sois-même … Tout cela procure une poussée d'adrénaline bien agréable. En ce moment, je la sens monter, cette excitation qui me gagne. Et pourtant, je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur en même temps. Après tout, malgré ce que je pourrai laisser croire par mes paroles, je ne sous estime pas les Shinigamis. Certes, celui au couperet me paraît bien faible, mais l'autre est son opposé. Je dois me méfier de lui, autant que lui devrait se méfier de moi. Il répond bien trop facilement à mes provocation, ça m'ennuie presque. Heureusement ce mélange de peur et d'excitation me tient à l'affut de toute potentielle faille dans la défense adversaire, que ce soit physique ou mentale.

Quelque chose coupe court à mon excitation. Earl qui s'amuse une nouvelle fois. Il n'a pas bien choisit son moment. Je suis assez énervé. Je tire un coup sec sur son col, en espérant le lui faire comprendre. Que nenni, il se contente de parler d'un vulgaire humain. Tu ne vois pas que ceux devant nous sont bien plus intéressant ? Profite plutôt de ce moment, tu n'auras pas toujours l'occasion d'en voir de tels.

« Tu fais des promesses que tu ne pourras pas tenir. Tu ne seras pas toujours là pour le protéger. » Sourir. « Je suis patient, j'ai l'éternité devant moi. Un jour, je lui tomberai dessus sans que tu ne puisses rien y faire. »

Ma respiration devient irrégulière en pensant à l'âme que je pourrai avaler. Je n'ai jamais mangé celle d'un Shinigami, je me demande si ça a bon goût. Je me lèche les lèvres d'anticipation. Une nouvelle fois, on coupe court à mon excitation, et c'est toujours la même personne qui en est responsable.

« De la bouse ? Ce serait insulter la bouse voyons ... »

J'ai dis ces paroles sans même me tourner vers lui, mon regard est fixé dans celui bicolore du blond. Et Earl intervient de nouveau. Il me demande de le lâcher. Cette fois, je ne lui accorde pas la moindre parole. Je suis trop occupé à regarder le Faucheur à la scie, les yeux grands ouverts. Earl et moi ? Cette chose et moi ? Ensembles ? Comment est-il parvenu à cette conclusion ? Je m'apprête à ouvrir la bouche pour le lui répondre quelque chose comme quoi son cerveau doit être sérieusement atteint, mais le mangeur de papillon prend la parole, m'encerclant de ses bras, le regard se voulant amoureux. Je reste statique assez longtemps pour qu'il se décolle et s'esclaffe face à sa propre blague. Moi, je ne rigole. J'étais déjà énervé, je suppose que l'on peut utiliser l'expression 'c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase'. Pourtant, je suis assez calme. Habituellement.

Je me jette sur lui et entoure son cou de mes doigts, exerçant un légère pression. Il n'a pas du s'y attendre je suppose, sinon il aurait pu esquiver. Malgré ce qu'il laisse croire, il n'est pas quelqu'un de faible. Je rapproche mon visage du sien, et, malgré la proximité, nul ne doute que la relation que nous entretenons n'est pas celle de deux amants, ni même celle de deux amis.

« Peut m'importe que tu fasses l'idiot, mais fais le seul ou je ferai tout pour te tuer, quelle que soit la nature de tes cheveux. »

Je m'éloigne ensuite rapidement où il pourrait répliquer à son tours, ce dont je n'ai absolument pas envie, et j'ai du le mettre en colère. En tant que Démon, on aurait du mal à se tuer, c'est vrai, mais il y a toujours des solutions à long terme, comme voler les âmes dont l'autre pourrait se repaître. Idée à retenir. Je me tourne par la suite vers le blond, mais mon regard dévie vers celui qu'il protège tandis qu'un sourire naît sur mes lèvres. Un sourire fou. Un sourire de Démon.

« Ton ami m'a quelque peu énervé. Tu devrais lui dire de faire attention ou il pourrait finir perdre quelque chose, ou quelqu'un, de très précieux. »

Nul besoin d'être explicite quand tout le monde comprend que mes paroles ne sont que menaces malgré que le ton de ma voix semble donner des conseils.

C’est fou, mais il n’arrivait pas à se décider sur l’opinion qu’il avait du Démon dont il ignorait toujours le nom. Il semblait vouloir se faire passer pour un crétin, mais était-ce réellement le cas ? Le sourire carnassier qu’il lui adressa le fit dire qu’au fond, il était tout aussi dangereux que l’autre, voir même plus étant donné qu’il faisait apparemment tout pour que l’on ne se méfie pas de lui. Ou alors il cherchait tout simplement à partir. Mais pourquoi l’avoir abordé alors ? Quel avait été son but ? Quoiqu’il en soit, il ne répondit pas, se contentant de garder son couperet près de lui.

…Voilà maintenant qu’il se prenait pour un chien. Qu’est-ce qu’il pouvait bien lui passer par la tête ? Au final, il l’intriguait plus qu’autre chose. Il faisait plus attention à lui qu’au nommé Amiler. Il le trouvait plus dangereux dans un sens. Fronçant les sourcils, il l’observa essayant vainement de comprendre sa manière de penser et d’agir. Se rendre ridicule ne le dérangeait absolument pas apparemment. Ce qui le tira de sa ‘contemplation’ fût la voix d’Eric, cette voix si familière qui lui faisait toujours tourner la tête dès qu’il l’entendait.

Ses paroles…Lui redonnaient confiance dans un sens. Il se traita intérieurement d’idiot d’avoir un moment douté à cause de ce qu’avait dit le Démon. Ce dernier cherchait simplement à mettre la zizanie. Une fois de plus, le blond avait pris sa défense, et il ne savait comment le remercier. Sans lui, il ne serait certainement pas ici, il lui était redevable, et pas qu’un peu. Le Démon répliqua. Tomber sur lui sans Eric ? les chances étaient…Plus que minimes. Ou alors il tomberait dessus, mais lorsqu’il serait en binôme avec quelqu’un d’autre. Spears ne le laisserait jamais sortir seul de la Dispatch. Ou alors c’est qu’il devait être tombé sur la tête. Enfin. Si lui avait toute l’éternité, ce n’était pas le cas d’Alan. Tiens, un point positif, il avait moins de chance de retomber sur cet énergumène.

Quoiqu’il en soit, il reporta son attention sur Eric, qui venait de poser sa main sur la sienne, le calmant encore un peu plus. Qu’elle reste là cette main, elle était agréable. Eric avait fini par lui rendre une entière confiance en lui-même. Le brun hocha la tête positivement, se reconcentrant sur les Démons qui lui faisait face. Il ne fallait pas les perdre de vue. Ce serait une grossière erreur. Leur réaction face aux paroles d’Eric ne se fit pas attendre. Alors que l’un semblait trouver ça hilarant, l’autre semble éberlué. Drôle de mélange. En tout cas, s’il y avait une faille chez eux, c’est qu’il n’était absolument pas uni. Au contraire. L’un était quasiment en train d’étrangler l’autre. …Quelle utilité ? Bon ne pas chercher à comprendre. C’est des Démons point final.

Oh le nommé Amiler se tourne vers lui. Plus par précaution qu’autre chose, le brun resserra l’emprise qu’il avait sur sa Faux, le regardant d’un air suspicieux. Qu’est-ce qu’il lui voulait ? Après tout, il venait de dire qu’il était un poids, pourquoi donc s’intéressait-il donc à lui s’il de son point de vue, il n’était pas d’une grande utilité ? L’air renfermé, il l’écouta. Il était en train de le menacer indirectement là ?

’-Pourquoi ne pas s’adresser directement à lui ? Je ne suis pas un pigeon ’

Lança-t-il sur la défensive, déterminé à lui montrer s’il le fallait qu’il n’était pas un boulet. Bon, il le regretterait peut-être après de s’être battu avec un Démon, mais strictement rien n’était encore joué, alors il était inutile d’y penser. Il s’interdisait de penser aux Epines, sachant pertinemment que s’il le faisait, il y avait beaucoup de chances pour qu’il reperde confiance. A la place, il mis sa deuxième main sur le manche de sa Death Scythe, la mettant légèrement devant lui, afin de ne pas perdre de temps si jamais l’un des deux Démons décidait de se présenter à lui.

Pas un pigeon ? Hum, s'il le dit. Alors que je lui ai pourtant trouvé une utilité, il préfère reprendre le rôle de la grue. Au moins il ne change pas du tout au tout et reste dans la volaille. A ses côtés, le blond se manifeste à son tour. Il me compare à une femme ? En quoi je ressemble une femme ? Est-ce parce que lui même ressemble à un ours bourru qu'il a développé un complexe envers lui même ? Ca expliquerait pourquoi il reste avec l'autre faucheur si minuscule. Il voudrait en réalité être, comme lui, frêle et fragile ?

Mh. Je crois que je ferai mieux d'éviter d'essayer de comprendre un Shinigami, ce n'est pas bon pour moi. Évitons donc de nous étendre sur le sujet « pourquoi me prend-il pour un idiot alors que je n'ai rien fait pour laisser penser une telle chose » ou encore sur « sourd ? Pourquoi sourd ? ». D'autant plus qu'avant de traiter quelqu'un d'idiot, il vaut mieux se regarder sois-même et lui n'est franchement pas – comment le dire gentiment ? – une lumière, car si c'était le cas, il ne mélangerait pas le terme « réfléchir » et « éducation ». Ce sont deux choses différentes. A moins qu'il n'est pas mélangé ces deux mots intentionnellement. Mais alors il est encore plus stupide s'il ne sait pas s'exprimer correctement, c'est pourtant la moindre des choses. Peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles les Shinigamis ne nous aiment pas, nous autres Démons. Ils nous envie notre plaidoirie.

Oh, je viens de remarquer que le blond est vraiment énervé. Ca pourrait devenir dangereux, mais j'ai confiance en moi. Je pourrai toujours trouver un moyen de m'en sortir sans trop de dégâts. Et puis partir maintenant, alors que mon sang bouille en moi … Ce n'est pas possible. Même si je le voulais, je ne partirai pas.

« J'aurai éventuellement pu être poli si tu- »

Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase que je sens quelque chose me percuter de plein fouet. Je fais plusieurs pas en arrière et m'appuyer au mur non loin de moi pour ne pas tomber. C'est qu'il n'y est pas allé de main morte le cabot ! Oui, c'est bien Earl qui vient de me frapper. Je crois qu'il n'a pas vraiment apprécié la manière dont je l'ai traité un peu plus tôt. Il l'a pourtant cherché, tout est de sa faute, que ce soit l'étranglement à ma simple présence ici. S'il n'avait pas été voir nos deux amis faucheurs, je ne serais pas intervenu.

Alors que je suis occupé à cracher le sang qui me reste dans la bouche et essuyer de la manche ce qui a coulé en son coin, je sens que l'on m'arrache le chapeau des mains. Quoi encore ? Qu'est-ce qu'il veut, ça ne lui a pas suffit de m'envoyer valdinguer contre le mur ? Et puis il compte en faire quoi de ce chapeau, faire sortir un lapin ? Et bien non. Il le lance aux Shinigamis. Ah le sale … Je suis certain qu'il a conscience que ce chapeau n'est pas simplement le mien. Il compte donc interférer dans mon rôle de majordome ? Mon bonhomme, tu ferais mieux de ne pas t'y risquer, tu t'y brûlera les doigts.

Pour commencer, ne crois pas pouvoir partir. Peu importe le nombre de tentative que tu feras, tu n'y réchapperas pas. Un papillon fait éruption dans son champs de vision – et accessoirement dans le mien aussi. Peut-être est-ce le camarade de celui qui a servit de diner au cabot ? En tout cas, s'il reste là, il subira le même sort. Earl le regarde. Oh, mais voilà ma chance ! Je m'avance quelque peu et fait un croche pied à mon camarade Démon. Avant qu'il ne touche le sol, je l'attrape par le col – même si je l'étrangle, il n'en viendra pas à mourir – et le traîne en arrière, droit sur les Shinigamis.

« Vas chercher, cabot. »

Oui, il a définitivement reçu l'étiquette « chien de gouttière » dans mon esprit. Je me tourne ensuite vers les Shinigamis.

« Si vous lui trouvez une utilité, tant mieux pour vous. » Oui, il ne vaut pas mieux qu'un chapeau. « En revanche, le couvre-chef m'intéresse grandement. »

Je tends la main vers eux, paume face au ciel, mon indexe leur faisant explicitement signe de me le rendre.

« Donnez le moi. » Et ce n'est ni un suggestion, ni un conseil, mais bel et bien un ordre. « Ceci contre un Démon, le marché est plus qu'équitable n'est-ce pas ? »

Earl, tu m'as grandement énervé. Malheureusement, je ne pense pas que les Shinigamis acceptent cet échange, pourtant si simple, et j'en suis déçu – ils sont tellement puérils. J'aurai réellement souhaité que tu meurs, ici et maintenant. La vie n'en aurait été que plus simple.

Le brun leva la tête vers Eric, lorsque ce dernier reprit la parole, même s’il ne s’adressait pas à lui. Il était beaucoup plus facile de regarder son ancien mentor qu’un des deux Démons. En parlant d’eux, celui aux cheveux bleus repris la parole. Alors que l’autre s’en rapprochait, son air d’imbécile heureux apparemment aux oubliettes. …Bon au moins il avait sa réponse à sa question. Il s’amusait à faire le crétin et n’en étais pas un. L’aubergine revenait donc dans le statut de ‘potentiellement dangereux’. Mais quelle était l’utilité de se battre juste devant eux par contre ? C’était parfaitement stupide. Ne pouvaient-ils pas mettre de côté leurs différents et s’unirent ne serait-ce qu’un minimum ? Enfin il n’allait pas s’en plaindre, il serait d’autant plus facile de s’en occuper si jamais il le fallait.

Ne bougeant pas d’un poil –n’ayant pas spécialement envie d’interférer dans leur dispute- Alan les observa, avant que le plus grand des Démons ne se tournent vers eux, le chapeau en main. …Qu’est-ce qu’un Démon pouvait-il bien faire avec un chapeau ? Bon déjà il appartenait au dénommé Amiler. Et ce dernier avait dit qu’il était pressé. Était-ce une…sorte de course pour l’humain avec lequel il avait passé un pacte ? C’était plausible. Déjà plus que ‘il avait un acheté un chapeau pour lui mais afin de ne pas cacher sa sublime chevelure il ne le portait pas’. L’aubergine lança alors ledit couvre-chef vers eux, et plus par réflexe qu’autre chose, le brun l’attrapa, daignant lâcher sa Faux d’une main pour le réceptionner. …Maintenant il ne savait absolument pas quoi en faire. Le piétiner ? Non il allait certainement se faire trucider par l’autre Démon s’il arrivait quoique ce soit à ce chapeau. Bon, autant le garder pour l’instant, cela pouvait toujours être utile.

Néanmoins, Alan releva la tête lorsque le type qui se prenait pour un chien reprit la parole, s’inclinant une nouvelle fois ayant apparemment bien l’intention de partir. ….Tant mieux, cela ferait un de moins, il n’allait certainement pas s’en plaindre. Mais il n’empêche qu’il continuait d’intriguer le petit Shinigami. Un coup il semblait vouloir s’en prendre à eux, un coup il semblait vouloir s’enfuir et encore une autre fois, il semblait vouloir leur faciliter la tâche en compliquant celle de l’autre Démon. A peine versatile. Enfin. Alors qu’il allait apparemment enfin réussir à partir, Amiler revint en force, n’ayant absolument pas aimé la façon dont l’autre l’avait traité. Et lui rendit la pareille en lui faisant un croche-pied et en l’étranglant à moitié avant de le…balancer vers eux en lui intimant l’ordre d’aller rechercher le chapeau.

Et si jamais c’était une ruse ? Si jamais ils avaient fait semblant de se dispute rien que pour semer le doute dans l’esprit de leurs interlocuteurs pour mieux pouvoir les surprendre ? …Mh. A voir les têtes qu’ils tirent ils ont réellement envie de s’entretuer. Et le type aux cheveux mauves, bien qu’il ne soit plus qu’à quelques centimètres d’eux ne semblait pas non plus vouloir attaquer. Pour le moment. Devait-il rendre le chapeau ? …Il n’en avait pas la moindre envie, le Démon aux cheveux bleus lui était de plus en plus antipathique. Marchander un des siens, même s’il ne le portait pas dans son cœur, pour un stupide chapeau ? C’était quelque chose que lui personnellement ne ferait jamais. Vendre quelqu’un était inimaginable. L’union fait la force après tout. Et il aurait pu aussi leur demander plus gentiment de leur donner le chapeau.

’-Non.’

Simple, lapidaire et efficace. Il avait légèrement froncé les sourcils, chose qui contrastait avec son nez retroussé, lui donnant un air un peu plus gamin que d’habitude. Non il ne céderait pas ce chapeau, certainement pas contre le Démon. Qu’est-ce qu’ils en feraient de toute façon ?

’-Le marché n’est pas ce que l’on peut qualifier ‘d’équitable’ et pour ma part, ‘ il se tourna vers l’autre Démon, préférant s’adresser directement aux concernés, ’Je n’ai pas l’intention de vous faire quoique ce soit’

Du moins tant qu’il continuerait de ne montrer aucun signe d’attaque envers lui ou envers Eric. Mais du point de vue du brun, il semblait tellement obnubilé par l’idée de s’en aller que les chances qu’il essaye de les attaquer étaient moindres.

Non. C'est la réponse que je reçois du poids. Lui qui est si inutile ne peut pas se permettre d'avoir l'air si confiant, c'est contre tout principe. Insensé, stupide. Il est stupide. Et il vient avec quoi ? Ce marché ne serait pas équitable ? Oui, c'est vrai, le chapeau a plus de valeur pour moi, mais pour eux, ce devrait être l'inverse. S'ils tuaient Earl, ils pourraient se débarrasser d'un Démon, et ainsi gagner des âmes – ou plutôt, en perdre moins.

Et voilà qu'un Shinigami fait ami-ami avec un Démon. Décidément, il ne cessera de m'étonner. En mal. Quoique … Si les faucheurs apprenaient qu'un de leurs compatriotes va voir un Démon, il se pourrait qu'il subisse quelques difficultés lorsqu'il retournera a la Dispatch. Le mieux serait qu'il soit jugé en traitre, et tué. Mais bon, on ne peut pas trop espérer. D'ailleurs, la peine de mort existe-t-elle chez les Shinigamis ? J'avoue ne rien y connaître, et pourtant, aujourd'hui je pense que ce pourrait être utile. Il suffirait de faire accuser un de ces demi-Dieux d'un crime passible de peine de mort pour se débarrasser de lui. Facile non ? Hum. Bon d'accord, peut-être pas. Disons faisable alors. Difficilement faisable. Oui, parce que contrairement à nous autres Démons, eux peuvent se faire confiance – après tout ils sont souvent en duos pour effectuer leurs missions. Jamais vous ne me verrez être avec un autre Démon pour capturer une âme, quelle quelle soit. Et puis il n'y a qu'à voir à quelle point Earl et moi se faisons confiance pour comprendre que, non, la confiance n'est pas quelque existant chez les Démons.

Et puis le blond me sort de mes pensées en parlant de nouveau du marché comme quelque chose qui n'est pas équitable. Mais qu'est-ce qu'ils ont à la fin ? Ils ne savent pas apprécier les bonnes choses ? Ca m'énerve ! Pourquoi ne peuvent-ils pas simplement obéir et me rendre ce foutu chapeau ? Ils n'en ont rien à faire, eux. Moi j'en ai une utilité – bien que ce soit dommage d'utiliser quelque chose qui couvre les cheveux. Plus encore, c'est une nécessite. Oh je ne crains pas la colère de mon Maître, mais je ne veux pas faillir à mon devoir pour une tâche aussi simple. Je ne veux pas passer pour un incapable. C'est une question de fierté dirons-nous.

Je ne réponds rien, c'est Earl qui prend la parole pour remercier le Shinigami de lui laisser la vie sauve. Il n'a pas honte ? S'abaisser à dire de telles choses … C'est dégradant ! Rien que le fait de se laisser protéger est pitoyable. Il fait un bien piètre Démon, et je n'en suis que plus convaincu que ce monde n'a définitivement pas besoin d'un cabot tel que lui.

« Tu es bien sage tout à coup Earl. Tu veux t'attirer sa confiance ? Ne le crois pas assez stupide pour tomber dans le piège d'un Démon. Faible ne rime pas avec idiot. »

Si je peux semer le doute dans la tête du nain brun, même si ce n'est qu'un instant, ça me suffira à me sentir un peu mieux. Peut-être. Non. Il doit y croire, ou ça ne fera que m'énerver d'avantage.

Je tourne brusquement la tête vers le blond quand il parle de l'odeur du chapeau, les yeux plissés. Un contractant ? Ce ne peut être l'odeur de mon Maître qu'il a sentit étant donné qu'il n'a jamais été en contact avec l'objet. Ce doit-être le marchand. Il a passé un pacte lui aussi, je l'ai sentit lorsque je l'ai approché, mais tant que son Démon n'approche pas mon humain, il n'y a aucune raison pour que je m'y intéresse. Si les Démons ne se font pas confiance, ils ne s'attaquent pas pour autant à tout va. Mais concentrons-nous de nouveau. Si le Shinigami parle de mon contractant, ce n'est pas pour rien. Il souhaite s'en prendre à lui ? Le tuer en dépit de leurs règles ? Me voler mon âme, mon bien ? Mes yeux luisent d'une lueur dangereuse.

Earl qui reprend la parole m'énerve encore plus. Dans ma manche, je sens la vaisselle de mon Maître. Je fais légèrement descendre un couteau dans la pomme de ma main tout en le cachant des regards indiscrets, caressant la partie tranchante du bout des doigts. Mais je n'attaque pas, surtout si Earl décide de s'allier aux deux autres cabots, je serai seul contre trois. Je ne veux pas penser à ce qu'il se passerait face à une telle inégalité des forces. Je pourrai peut-être m'enfuir ? Non. Je ne veux pas. Pas maintenant en tout cas.

« Ne pas savoir estimer chaque choses … Tu fais un bien piètre majordome Earl. Mais ça ne m'étonne pas de toi finalement. Après tout tu as même tenté de prendre une âme alors que tu as passé un pacte. » Je lui rends son sourire. Puis me tourne vers le blond. « Quant à vous » inconsciemment, je suis repassé au vouvoiement en entendant Earl s'adresser ainsi aux Shinigamis. Ce n'est cependant pas une marque de respect. Loin de là. « si je vous dis que c'est l'odeur de mon Maître que vous sentez là, que ferrez-vous ? »

Je préfère agir comme s'il s'agissait de mon Maître, ainsi, s'il lui venait l'idée de jouer au chien de chasse et de flairer la trace de l'humain sur ce chapeau, il ne me retrouvera pas de si tôt.

« Vous en prendre à mon contractant ? Le tuer afin d'éviter que son âme ne me revienne ? Vous en prendre ainsi à un humain … Si Earl est un piètre Démon, vous ne valez pas mieux en tant que Shinigami. »

Le brun vit Eric se rapprocher, ou du moins se mettre un peu plus devant lui. Un instant, il voulut se réfugier contre lui, aller goûter de sa chaleur, s’y enfouir et oublier la situation. Mais c’était impossible. En tout cas s’il tenait à leur montrer de quoi il était capable. Mais cela ne l’empêcha pas de se rapprocher, se donnant du courage en mettant sa main juste à côté de la sienne, la frôlant. C’était rassurant ce contact. Et même si un des Démons était proche de lui, cela l’importait peu maintenant.

Eric reprit la parole, lui donnant raison. Eux au moins étaient en accord, contrairement à leurs interlocuteurs. Enfin, il n’allait pas se permettre de leur faire la leçon, ce serait mal venu. Et ne servirait strictement à rien aussi. Bref, l’aubergine s’inclina une nouvelle fois, et comme si c’était plus mauvais signe qu’autre chose, le brun se mis un peu plus derrière son ancien mentor. Il n’avait pas confiance en cette personne, même s’il ne semblait pas trop antipathique. …C’était quoi son conseil ? …Qu’est-ce qu’il avait à dire contre son honnêteté et sa gentillesse ? Il plissa légèrement les yeux en le regardant. Et voilà que l’autre s’y mettait.

Il ne voulait plus les entendre, ne plus les voir. Il avait simplement envie que cette soirée redevienne comme il y a quelques heures, où il était seul avec Eric, l’écoutant et profitant de ce moment qui leur était donné. Mais ce n’était pas le cas. Il ferma les yeux quelques instants, hésitant à répondre au Démon le plus éloigné de lui. Il finit par rouvrir les paupières et décala sa tête légèrement vers la droite, afin d’être moins derrière le blond.

’-Et petit ne rime pas avec faible.’

Finit-il par lancer amèrement. Bien, son physique n’était pas des plus avantageux, surtout niveau grandeur et l’admettait, mais qu’à cause de cela, on juge ses capacités, il n’arrivait pas à l’avaler. Effectivement, il n’était pas le plus fort des Shinigamis mais pas un faible. Sans s’en rendre compte, il avait encore resserré la prise qu’il avait sur sa Faux. Il se força à desserrer sa main, inspirant une bonne fois pour toute. Il fallait qu’il se calme, sinon il ne ferait pas long feu. En reportant son regard sur Eric, il le regarda durant quelques instants alors qu’il prenait la parole. Juste avant que le dénommé Earl, il avait enfin son nom, ne lui propose de lui donner le chapeau. Dont il n’avait que faire.

Que faire justement avec ce truc ? Le garder pour ne faire aucun jaloux chez les deux autres ou alors le donner ? Il hésita à s’en remettre à Eric, mais cela ne ferait qu’appuyer les dire du Démon qui le traitait de faible. Il referma les yeux quelques secondes, prenant une décision. Après quelques instants, il le tendit vers Earl. Il n’en avait strictement rien à faire. Mais l’autre revint à la charge, avec autre chose.

’-Nous ne nous en prenons qu’aux âmes qui sont sur nos listes.’

Ca avait été plus fort que lui. Que l’on suppose que les Faucheurs s’en prenaient à n’importe qui, il ne le supportait pas. Surtout qu’il avait passé toutes ces années de travail à essayer de bien appliquer les règles, sans jamais y faillir. Il lâcha un vague soupir en remontant ses lunettes. Accrochant maintenant une de ses mains à la chemise du blond au niveau du bras, il releva le nez vers lui, tirant un tout petit peu. Au final, il préférait partir avant qu’une potentielle bataille n’éclate. Surtout qu’il n’avait pas la moindre envie d’être impliqué dans quelque chose du genre. Et Eric non plus.

Après quelques secondes, il relâcha son bras, mettant sa main devant sa bouche, se retenant d’éternuer. Oui il préférait se faire mal aux oreilles que d’éternuer trop fort. Allons bon, il n’avait quand même pas réussis à attraper froid ? Il espérait bien que non. Enfin, ce n’était qu’une supposition. Mouais. Il éternua une deuxième fois, et tout comme le premier, le retint avant d’attendre quelques instants, pour finir par se dire qu’il n’aurait plus rien. Du moins pour le moment.

Oh, mais le poids a de la répartie on dirait. Mais je m'en fiche bien. Quoi qu'il dise, il me paraît simplement faible. Certes il sera au dessus d'un simple être humain, mais face à un Démon, il ne doit pas faire le poids. Pour preuve, le blond le protège sans cesse, cela prouve donc que le niveau de sa force est proche du degré zéro … Si vous vous posez la question, oui, j'ignore royalement la réflexion d'Earl. Cet idiot ne mérite pas davantage mon attention. Ou peut-être bien que si. Et le deuxième imbécile de service, ne donne pas ce chapeau au premier imbécile ! Il serait capable de … je ne sais pas, et je pense que je ne veux même pas savoir.

Décidément, le blond a bel et bien développé un complexe de non-féminité ou je sais pas quoi. Mais où voit-il que je ressemble à une femme ? Ca ne me dérange pas vraiment, une pique aussi puérile ne va pas m'énerver, mais je pourrai bien m'inquiéter pour son cas. De toute façon, si j'avais été une Démone, il m'aurait tout de même attaquer alors ses paroles n'ont aucun sens. Et voilà qu'en plus tête-d'aubergine prend la parole à son tours. Ah, il ne fait que se défendre de mes accusations.

Ne faire que se défendre ? Très bien, exposons la situation. Deux Shinigami, l'un doit défendre l'autre à tous prix et ne veut donc absolument pas blesser son camarade. Il n'ira donc pas volontairement attaquer un Démon. Ce même Démon est entrain de s'enfuir, ce qui veut dire qu'il les a précédemment abordé puisque les autres n'auraient rien fait pour l'interpeller. Ce que je ne comprends pas est pourquoi Earl est allé les accoster en premier lieu ? Je n'arrive pas à l'expliquer, mais mettons ça sur le compte de Earl-est-un-imbécile-fini-et-nul-ne-peut-comprendre-ce-à-quoi-il-pense. Voici mon explication rationnelle, mais face à ce genre d'être au QI inférieur à celui d'une huître, je dois fournir une toute autre réponse.

« L'intuition féminine, je suppose. »

Voilà, comme ça le cabot est content parce que je lui ai répondu, et le blond comprendra qu'être traité de femme me passe par dessus la tête. D'une pierre deux coup. Je suis vraiment très fort. Mais ça ne suffit pas, mon chapeau est toujours entre les viles mains de l'autre Démon et … et … AH NON ! Faut pas mettre le chapeau dans la flaque, idiot ! Déjà qu'il est bon pour être lavé bien qu'il ne fut jamais porté, s'il devait traîner là dedans … Non. Je dois le récupérer. Pendant qu'il est concentré sur la petite étendue d'eau, je m'approche, lentement, et tends brusquement la main pour le récupérer … mais ne brasse que le vide. Ah ! L'ordure ! Il s'est relevé ! Et il se dirige vers les deux Shinigamis. Tiens, je crois qu'il a opté pour l'option suicide.

Non vraiment, il compte réellement y rester je crois, vu la position qu'il vient de prendre. D'autant que le blond doit être à cran puisqu'il s'inquiète à ce point pour le petit brun … et en plus tête d'aubergine en rajoute une couche. Je comprends rapidement de quoi il parle, cette maladie mortelle mais très rare. Comment elle s'appelle déjà ? Les clous de la rose ? Les roses tranchante ? Ah oui ! Les épines de la mort ! Mais pourquoi le poids aurait ça ? Parce qu'il a éternué ? Et encore, il n'a même pas éternué au final, il s'est retenu – il n'aurait pas du, ça pique le nez. Enfin en même temps, s'il était atteint de cette maladie, ça expliquerait bien des choses, surtout le comportement du blond en fait.

Oh d'ailleurs, en parlant de lui. Je pourrai petu-être bien tenter de le pousser à bout ? D'autant plus qu'Earl est plus proche, donc il s'en prendra à moi à la fin et je pourrai fuir. Mmh … Je dois juste trouver un moyen de récupérer le chapeau avant. Mais hors de questions que je m'approche des deux faucheurs. Bon, on verra ça plus tard – oui, je me suis presque résigner à perdre mon chapeau, ce pourquoi je vais me venger sur les demi-dieux.

« Allons Earl, ne dit pas n'importe quoi. S'il était réellement dans cet état, il ne devrait pas sortir. Parce que s'il sort et qu'il tombe malencontreusement face à une quelconque difficulté telle que des Démons, il se pourrait qu'il face un peu trop d'effort, et alors les épines entourant son cœur se resserraient. Il causera des ennuis à toute personne souhaitant l'aider, prenons par exemple le cas d'un stupide collège, et ce même collège pourrait alors se retrouver blesser en tentant de le défendre. Finalement, blessé, seul, et le cœur meurtrit par la perte d'un être cher, il finirait lui aussi à l'état de cadavre en décomposition. »

Évidemment, le tout est dit d'une voix guillerette et un grand sourire collé aux lèvres. Je pousse un soupire en haussant les épaules.

« Alors, tu vois bien que ce n'est pas possible ? Vous devez savoir que je dis la vérité, après tout, suis-je du genre à mentir sur ce genre de sujet délicats ? »

Mentir … quel doux mot. C'est l'une des principales aptitudes des Démons et c'est aussi ce qui les rend si effrayant, car nul ne sait s'il dit la vérité ou un pur mensonge. Après tout, les Démons ne seraient sans doute pas allé aussi loin s'ils étaient incapable de dire pures calomnies. Passer un pacte serait aussi bien plus difficile, quoique généralement, dans ce cas là, nous ne mentons pas. Nous arrangeons simplement la vérité. Cependant, ici je ne mens pas le moins du monde. Ce que j'ai mentionné plus tôt est ce qui arriverait si l'on s'en prenait au brun – du moins c'est ce que je pense. Peut-être devrai-je vérifier ma théorie ? Mon couteau est toujours dans ma manche. Il est tentant de s'en servir. Vais-je résister ?

Le sifflement du couvert en argent me dit que non, je n'ai pas résisté. Mais ce n'est pas méchant et ce ne sera même pas difficile à éviter, bien qu'il soit en direction du plus petit des Shinigamis, et plus précisément, entre ses deux yeux. Peut-être pourrai-je profiter de l'agitation que provoquera de manière certaine mon coup afin de récupérer le chapeau ? Oh, bonne idée en vue !

Eric n’avait pas l’intention de partir maintenant, il le lui avait fait comprendre gentiment, sans le rembarrer. Et il se plierait à son désir. Il était hors de question de le laisser là. Il lâcha donc sa manche, restant planté là alors que le blond allait se poser contre le mur. Alors que le Démon aux cheveux aubergine était derrière lui, près d’une flaque. Qu’est-ce qu’il comptait faire ? Il n’en avait pas la moindre idée. Et il s’en fichait complètement d’ailleurs. Soit. Il éternua et la réaction d’Eric ne se fit pas attendre. Il lui tendit un mouchoir, que le Shinigami prit en le remerciant. Oui il en avait aussi un avec lui, mais celui d’Eric était bien mieux. Il lui permettrait de fournir une excuse pour le voir une fois de plus. Il ferait tout pour gagner quelques secondes en sa présence. Il sentit son inquiétude dans sa voix lorsqu’il lui demanda si tout allait bien. Il ne voulait pas justement l’inquiéter.

Alors que le brun allait lui répondre que tout allait bien, même si ce n’était pas spécialement le cas, il tourna la tête et faillit faire une bonne fois pour toute une crise cardiaque en voyant que ce n’était pas Eric qui était juste à côté mais un autre blond. Le Démon même. Il fit inconsciemment un pas en arrière, ne s’attendant absolument pas à le voir. Qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Il n’aimait absolument pas son air. Ni ses paroles. Il était mal, il avait deviné. Le brun ne savait pas comment, mais il avait remarqué les Epines. Que lui répondre ? Il le regarda quelques instants désemparé. Lui donner raison équivalait à se jeter dans la fosse aux lions. Mais démentir ne servirait à rien non plus.

’-Je…’

Que dire de plus ? Il ne savait même pas quelle phrase lui sortir. Il détestait tout simplement aborder le sujet. Même avec les personnes qu’il côtoyait tous les jours. Sauf Eric. Même si le sujet restait sensible, c’était la seule personne qu’il daignait ne pas bouder quand il en parlait. Il se mordit la lèvre inférieure, ne sachant que faire. Et l’autre en rajouta une couche. Il ne croyait pas un mot des paroles qu’il disait, il l’enfonçait tout simplement. Le brun baissa la tête, comme si il était en faute. Ne voulait-on pas tout simplement le laisser tranquille avec ça ? Il avait juste envie de se retirer, que l’on ne fasse plus attention à lui. Une fois de plus, il resserra l’emprise qu’il avait sur sa Faux, écoutant les paroles du Démon.

Il finit par relever la tête, juste à temps, entendant un drôle de bruit. Comme un sifflement. Il vit quelque chose arriver droit sur lui, et le réflexe de bouger sa Death Scythe pour la mettre devant lui, lui évita une blessure plus ou moins grave. Un bruit affreux, comme celui de la craie crissant contre un tableau parvint à ses oreilles, le faisant grimacer, durant quelques instants. Il baissa les yeux, remarquant qu’on avait essayé de l’attaquer avec un couteau. Méthode assez lâche. Plissant le nez, il lança un regard noir au dénommé Amiler. Il serra les dents durant quelques instants, hésitant. Il venait d’engager ouvertement le combat. Et il voulait à tout prix qu’Eric ne sois blessé ni quoique ce soit, même s’il avait plus à craindre. Il remonta ses lunettes avant de remettre sa Faux un peu plus sur le côté. Son choix était fait.

Il n’allait pas le laisser parler de la sorte plus longtemps. Ce n’était pas non plus parce qu’il était affecté par les Epines, qu’il était incapable de bouger un peu. Sans prévenir qui que ce soit, il se lança d’un coup vers le Démon aux cheveux bleu, arme en avant. Il ne pensait plus qu’à une seule chose. Une personne plutôt. Son ancien mentor. Il allait s’occuper personnellement de l’autre-là, ou du moins essayerait, et éviterait à tout prix qu’il ne touche le blond. C’est donc dans cet état d’esprit qu’il s’élança vers le jeune homme, en abattant sa Death Scythe. Au mieux, il arriverait à le blesser, certainement pas gravement, et au pire il ne toucherait rien et se rattraperait bien à un autre moment.